Petits et gros cailloux

Parmi les matériaux faciles à trouver qui peuvent servir de support à des séances de classe dehors, et après les bâtons auxquels un article a déjà été consacré, voici maintenant les cailloux. Le Larousse nous le précise, les cailloux sont des pierres quelconques de petite dimension, le plus souvent assez dures, qui ont pu être façonnées par les glaciers (caillou poli, strié), le vent (caillou à facettes), les eaux (caillou roulé).

De taille, de forme, de texture et de couleur infiniment variées, ils se prêtent à une foule d’activités correspondant à différents domaines d’apprentissage et à de nombreux jeux.

Cailloux en mots

Selon la légende, Démosthène, grand orateur de l’Antiquité, aurait corrigé ses problèmes d’élocution en s’entraînant à parler avec des cailloux dans la bouche… Ce n’est assurément pas quelque chose à conseiller aux enfants mais le caillou peut, de toute autre façon, être support d’apprentissage dans le domaine de la langue ! De son étymologie à son champ lexical en passant par son exception grammaticale et les expressions dans lesquelles il figure, il y a de quoi faire!

Les cailloux sont partout ! On en trouve dans des poésies, des chansons, des contes et même une pièce de théâtre!

Scrupule et calcul sont deux mots de sens éloignés qui, parfois, s’opposent. On dira ainsi que, pour arriver à ses fins, tel ou tel se livre à de froids calculs et agit sans scrupules. Et pourtant, les noms latins dont ils sont tirés étaient synonymes et ont à voir avec les cailloux.

Du latin scrupulus qui signifie « petite pierre pointue » et au sens figuré « sentiment d’inquiétude, embarras, souci ». Les légionnaires romains portaient des sandales. Lorsqu’une petite pierre entrait entre le cuir et la peau elle gênait la progression du soldat. D’où, aujourd’hui, ce sens du scrupule qui taraude l’esprit l’empêchant d’avancer. (source)

Comme le mot scrupule, le mot calcul a deux sens mais il les a conservés tous deux. En réalité, il existe deux noms calcul. Le plus en usage est le radical du verbe calculer, lui-même emprunté du latin calculare, « calculer, faire des opérations, supputer ». Quant à calculare, il est dérivé de calculus, qui désigne une petite pierre, un petit caillou. Ces petits cailloux avaient de nombreux usages et, particulièrement, celui de servir à compter.

Mais on les employait aussi pour voter. Ils étaient alors blancs ou noirs . Mettre un caillou noir dans l’urne signifiait que l’on condamnait l’accusé, mettre un caillou blanc qu’on l’acquittait (on pense au conte « Les deux cailloux » ci-dessus).

On plaçait aussi des cailloux blancs sur les calendriers pour marquer les jours qui avaient été heureux. Notre langue a conservé la mémoire de cet usage avec l’expression « jour à marquer d’une pierre blanche ». Il existe aussi, en français, un autre nom calcul. Celui-ci nous vient directement du latin calculus et désigne une concrétion minérale qui se forme dans un viscère creux ou, plus simplement, un petit caillou qui se forme dans les reins, la vésicule, la bile, etc. Ce mal, appelé scientifiquement lithiase, tiré du grec lithos, « pierre », était autrefois nommé maladie de la pierre. (source)

  • Trois cailloux – Olivier Tallec – Au sommet de la montagne, vivent trois cailloux. Chaque matin, ils admirent les cimes des montagnes, comptent les moutons dans la vallée et regardent les plantes aromatiques pousser. Ici, ils vivent une belle vie de cailloux. Mais, un jour, un éclair a fracassé la montagne et c’est ainsi qu’ils ont été chassés. De rebonds en ricochets, ils ont cherché de nouveaux endroits où vivre une belle vie de cailloux.
  • Cailloux – Nadine Redlich – Un caillou sympathique et doué de conscience, nous fait part de sa sagesse ancestrale… Le dessin, minimaliste et répétitif, s’efface presque devant ses pensées millénaires. Le temps s’écoule et les bons mots sont distillés au fil des pages, à un rythme savamment dosé. On regarde le temps passer. Et chaque apparition des éléments extérieurs, vent, pluie, escargot, un randonneur, est un véritable évènement venant perturber cette apparente quiétude, ainsi que les certitudes de ce docte caillou.
  • La vie des cailloux – Camille Guillon et Jean-Marc Fiess – Il y a de cela très longtemps, les cailloux étaient un peuple de navigateurs téméraires.Venus d’un pays lointain, de l’autre côté de l’horizon, ils voulurent s’emparer d’une terre sur laquelle régnait un puissant sorcier…
  • Les petits cailloux – Cathy Ribeiro – Mort, moi, je savais ce que ça voulait dire. Enfin, mort comme on dit à l’école ou dans les jeux vidéo. « Pan, t’es mort ! » et après, tout redevient comme avant. Mais mort comme Pépé, ça, non, je ne savais pas. Pépé, il m’emmenait souvent avec lui. Il m’expliquait les choses. On rigolait ensemble. Heureusement qu’il a eu l’idée de semer des petits cailloux blancs. Ses cailloux, c’étaient ses mots à lui, ses grimaces, son odeur de jardin, ses bisous qui piquaient…
  • Un caillou dans la poche – Marie Chartres, Jean-Luc Englebert (Illustrateur) – Un caillou. L’île où vit Tino n’est pas beaucoup plus grande qu’un caillou. La plupart de ses 216 habitants sont vieux et jamais rien ne s’y passe. Tino rêve qu’un jour quelque chose vienne de la mer, comme une baleine ou un chercheur d’or. Ou bien qu’il découvre un caribou au milieu des fougères. Mais le bateau n’amène qu’une classe venue visiter l’île. Tino ne sait pas encore qu’il va faire la rencontre la plus extraordinaire de sa vie.
  • Les mots cailloux – Willerval -Il y a des mots qui font mal, très mal même parfois. Ce sont les mots-cailloux. Et les enfants savent en lancer, des mots-cailloux ! Des mots-cailloux qui blessent les autres mais aussi le monde. Comment guérir ces blessures que l’on ne voit pas ? Une réponse dans ce livre…

Science des pierres et des cailloux

Les pierres sont fascinantes et une fiche très complète sur le site des CPN nous propose de découvrir ce qu’elles ont à nous raconter…

Qui dit caillou, dit pierre, dit roche, dit géologie ou plutôt minéralogie. Cette science étudie le règne des minéraux qui forment les roches. Une initiation à cette science est possible à partir des trouvailles des enfants mais pas seulement. Même s’iels ne trouvent pas forcément beaucoup de pierres précieuses, les collectes font de si belles collections ! Pour guider la connaissance des minéraux, l’ouvrage Labo géologie pour les kids de Romaine Garret fait découvrir les mystères de la Terre et propose des expériences qui permettent de comprendre l’histoire et le fonctionnement de notre Terre. D’autres livres peuvent aussi figurer dans la bibliothèque des géologues en herbe :

EPS : le lancer de cailloux

Le lancer est souvent le 1er geste suscité par le caillou. Lancer précis sur une cible tracée au sol ou fixée en hauteur, lancer le plus loin possible… Règles de sécurité à mettre en œuvre, identification de la zone la cible et de la zone de lancer, exploration des différents types de lancers, lancer dans la zone annoncée… On est bien dans le domaine de l’EPS et on pourrait décliner sur les 3 cycles les objectifs de cette APSA :

  • Cycle 1 : différencier  jeter  et  lancer. Lancer dans un but : loin ou précis.
  • Cycle 2 ; lancer précis et lancer loin.
  • Cycle 3 : lancer loin avec élan, affiner sa motricité pour lancer de plus en plus loin et/ou précis.

Il s’agira de découvrir, de maîtriser, d’adapter le geste du lancer à chaque situation proposée :

    • par-dessous type « pétanque »
    • par-dessus type « bras roulé »
    • lancer haut pour aller loin
    • lancer vite pour aller loin
    • différencier les formes de lancer : de face à bras cassé, caillou tenu à une main et projeté à un signal donné, vers le haut et l’avant.

A savoir : Un très original championnat du monde de lancer de cailloux se déroule chaque année à Dieppe.

Associer le lancer précis et le saut pour aller de la terre jusqu’au ciel c’est ce que propose le jeu-phare des cours de récréation.

La marelle (de merel, mereau, XIIe siècle, « palet, jeton, caillou »), ou palet, est un jeu enfantin pratiqué sur un schéma tracé au sol, le plus souvent dans la cour de récréation des écoles primaires. Il en existe diverses variantes, la plupart mineures et différant principalement par la forme du tracé ou la longueur du parcours complet. Ce jeu participe au développement de l’enfant en lui apprenant à garder l’équilibre, à améliorer son adresse et aussi à compter. Wikipédia

Rosemary Stanley et Dom La Nena : La Marelle (Amarelinha) sur l’album Birds On A Wire.

Jeux de cailloux

Dans ses astuces du dehors, Hervé Brugnot nous propose Le jeu des 3 cailloux.

On cache les cailloux dans nos mains. Chacun son tour, on essaye de deviner le nombre de cailloux dans la main de l’autre joueur. On peut mettre 0, 1, 2 ou 3 cailloux dans sa main. Quand on trouve le nombre exact, on retire soi-même un petit caillou. But du jeu : être le premier à ne plus avoir de cailloux.

Des jeux d’autres pays du monde, où les supports peuvent être remplacés par des trous ou des traçages au sol et où on peut utiliser des cailloux comme pions. Pour certains jeux il faudra des cailloux de différentes teintes, des bâtonnets, etc. Et pour d’autres, une certaine habileté dans le traçage sera de mise !

Pour ce jeu qui propose des situations d’adresse de plus en plus complexes, on peut remplacer les osselets par de petits cailloux. Il en faudra 5 de même taille et approximativement de même forme, dont l’un est de couleur différente, c’est la mère. Le but est de relever plusieurs défis en lançant et en ramassant un ou plusieurs cailloux. Voir ici la règle détaillée et les figures.

Créer, fabriquer, décorer

Quelques exemples de réalisations en cailloux tirées du livre de Marc Pouyet : Street art végétal (ed. Plume de carotte, 2018). On retrouve dans ces créations les procédés de compositions détaillés dans la fiche pédagogique de l’article Enseigner dedans et dehors : Street art végétal ou land art urbain.

L’équilibre de pierres (en anglais rock balancing , stone balancing ou stone stacking) est l’art d’empiler ou de juxtaposer des pierres sans colle ni adhésif. La stabilité de l’ensemble n’étant due qu’à la réaction mécanique des pierres les unes sur les autres, l’équilibre de pierres constitue un défi à la gravité. (source)

Illustration

Voici un reportage vidéo sur le travail d’un « charmeur de pierres » et deux jeux de patience, à nouveau dans les astuces du dehors d’Hervé Brugnot, l’équilibre minéral et l’arche de pierre.

Les galets sont particulièrement source d’inspiration, qu’il s’agisse de land art, de décoration ou de la fabrication d’objets.

Ainsi l’artiste Jon Foreman créée d’époustouflants motifs sur des plages (voir les photos de ses œuvres sur son compte instagram). Dans un autre ordre d’idée, un article joliment illustré qui donne des pistes exploitables avec les enfants.

Le maraca et le kashaka sont des instruments de percussion.Le maraca est formé d’une calebasse munie d’un manche, renfermant des grains ou des petits cailloux, qui tient une place importante dans les rites religieux des Indiens sud-américains.

Sources 1 et 2

Le kashaka est composé de deux petites sphères creuses remplies de haricots ou de petits cailloux. Il s’agit de deux petites maracas liées par une cordelette. On tient une des deux sphères dans sa main tandis que l’autre est rapidement balancée autour de la main. Cela génère un « clac » au moment du choc contre la main. L’instrument est originaire d’Afrique de l’Ouest.

Des idées pour fabriquer des maracas : une fiche sur le site Museo Galileo et un tuto sur le site d’Hugo l’escargot.

Mise à jour 02-04-24

Abécédaire d’anniversaire

B BÂTON Jeux de bâtons BIODIVERSITÉ  Biodiversité dans l’école ,  Biodiversité dans la salle de classe BOURGEON Bourgeons

C CLASSE DEHORS  Classe dehors au Ver Têtu (bonus) : Un trimestre au jardin et bien d’autres articles, en fait tous les articles du site ! CLIMAT L’homme a mangé la terre COUR (de récréation) Côté cour,   Aménagement des cours de récréation

D DANSE Danser sous la pluie, DEHORS-DEDANS Apprendre dehors et dedans, Inviter le dehors dedans

F FOCUS Focus saisonniers

G GEOGRAPHIE Enseigner dehors et géographie : la sortie de terrain

J JARDIN Jardins à défendre, Deux saisons au jardin, Jardiner dans la cour d’école JEU Fragments sur le jeu libre et aussi la JOIE, qui, même si elle ne fait l’objet d’aucun article est si présente dans la classe dehors !

L LIEU Affaire de lieux

M MATHEMATIQUES Faire des mathématiques dehors, Balade mathématique dans le quartier  … et MOUVEMENT  Maths et mouvements

P PLAN Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan, Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan PLANTE Balades botaniques et usage des plantes, Autour des plantes aromatiques

V VILLE Enseigner dehors en ville comme à la campagne ?

Ateliers au jardin

Faire classe dehors c’est faire classe. Pour cela enseignant.e.s et élèves disposent de toutes les richesses qu’apporte le dehors. Mais la mise en œuvre pose souvent question, au niveau du dispositif comme des contenus. Ces ateliers sur lesquels tournent les élèves, menés par les enseignant.e.s de CP et de GS et un ou 2 autres adultes au jardin partagé du Ver Têtu plus quelques pistes à explorer peuvent donner des idées pour travailler dans différentes matières.

Créé dans une classe de CP en septembre-octobre, ce livre à compter a amené les élèves à dénombrer une quantité d’objets pour en constituer une collection au cardinal donné et à lire les nombres écrits en chiffres.

Après un temps de collecte et de tri de différents objets du jardin,, végétaux ou non, les élèves ont rapporté un nombre précis de ces objets qu’ils ont déposé sur une feuille prise en photo.

Les nombres ont été décorés d’éléments végétaux et photographiés. Les photos, disposées dans un porte-vue, constituent le livre à compter qui a été présenté aux élèves de grande section.

La classe dehors fourmille de situations possibles à mettre en œuvre pour aborder le vivant en tant qu’objet de savoir. Elle permet aux élèves de construire un autre rapport au vivant que celui de la vie de tous les jours en les amenant à comprendre ce qui distingue vivant et non vivant puis à leur faire repérer ses caractéristiques. Il s’agit d’aller vers des savoirs scientifiques par l’observation et la comparaison.

Travail mené dans ce sens en GS lors d’ateliers sur le vivant : travail sur fiches sur les escargots et les limaces et un extrait du lutin à propos de l’élevage de papillons.

En parallèle de ces ateliers, un travail spécifique sur les plantes aromatiques a été mené. Il fait l’objet d’un article à retrouver ici.

Le compost et les composteurs du jardin ont été présentés aux élèves de CP en début d’année. Depuis, chaque semaine un.e élève emporte le seau à compost à la maison et le rapporte le jour de la classe dehors pour le vider dans les composteurs du jardin. Franc succès de l’opération que des élèves enrichissent parfois en apportant une contribution parfois inattendue !

Pour étayer les apprentissages liés à cette action, on trouve sur le site Jardinons à l’école une série de fiches sur le Compost : La découverte du compost, Comment faire du compost ? La fabrication du compost pour le jardin et un poster Du compost pour nourrir la terre.

S’il y a des apprentissages qui sont facilement abordés dehors, ce sont bien ceux réalisés dans le cadre de l’EPS. Cette discipline, par son approche sensorielle et physique va de pair avec une éducation à la nature ancrée dans la perception et la connaissance de soi.

Le dehors offre la possibilité d’agir dans des espaces variés et, dans un square ou un jardin, le parcours de motricité a une autre allure que celui réalisé à l’école !

Le dehors favorise aussi l’interdisciplinarité et permet d’associer l’engagement corporel des élèves aux apprentissages.

La conscience corporelle, par la diversité des mouvements et des déplacements que le dehors favorise est ici mise en lien avec un travail sur le langage écrit et oral (Extrait du lutin des CP).

L’EPS peut également être associée aux mathématiques. Des exemples en sont donnés dans l’article Maths et mouvements. Pour les plus jeunes le jeu des déménageurs se prête naturellement à faire des liens avec les maths : rapporter x objets de telle couleur, y objets de telle forme, … La consigne peut être associée à des messages, liste de courses, feuille de route…

Mise à jour le 06/11/23

Rentrée dehors au Ver Têtu

Quelques semaines après la rentrée, la classe dehors est rodée. Riche de découvertes et d’apprentissages possibles, gourmande de sensations, de saveurs et de connaissances.

Après la découverte du jardin avec Antoine le jardinier et la mise en place des règles, se succèdent, selon les classes et le temps – celui qu’il fait et celui qu’on a pour faire, jeux libres, EPS, discussion sur les saisons, travail sur le compost, les limaces, les plantes aromatiques… Et, de retour en classe, dessin, langage oral et écrit, lecture de textes et d’images, écriture autour de l’élaboration du lutin de la classe qui portera la trace écrite de ces belles expériences.

1er regroupement des GS à l’arrivée dans le jardin. Les règles sont posées. Elles figurent dans le lutin, mémoire de chaque séance dehors.
Un groupe de CP explorent le jardin, guidés par Antoine le jardinier pendant que l’autre groupe découvre le compost.
… marcher pieds nus quand il fait beau …
… et s’abriter quand il pleut !
Goûter la pluie.
Toucher, sentir, goûter la menthe…
et la limace… qu’on touche seulement du bout des doigts !
En EPS, les CP travaillent sur les déplacements.
La joie est palpable!
Chaque semaine un.e élève de CP emporte le seau à compost à la maison et le rapporte le jour de la classe dehors pour le vider dans les composteurs du jardin (Texte d’après la fiche Compost du site Jardinons à l’école).
Extrait du lutin des classes de grande section.
Une des 1ères plantes aromatiques étudiées au jardin. Observer, toucher, sentir puis dessiner. Et déguster une infusion bienvenue après une séance sous la pluie !

Impossible d’aborder toutes les facettes de ces quelques séances de classe dehors. D’autres articles suivront qui relateront des expériences, feront un focus sur certains apprentissages. Mais déjà on peut voir la richesse des possibilités offertes par ces temps de classe passés au jardin.


Tous les articles consacrés à la classe dehors au Ver Têtu :

Classes de CP :

Du côté des GS :

Et aussi Au Ver Têtu, avec des classes de CE2-CM2.

Mise à jour 28-09-23

Faire de l’EPS dehors

« Quand le développement mental est en discussion, de nombreuses personnes se demandent ce que le mouvement vient faire là-dedans, car nous sommes en train de parler de l’esprit. Et quand nous pensons à l’activité intellectuelle, nous imaginons toujours des gens assis, immobiles, sans bouger. Mais le développement mental doit être connecté au mouvement et dépendre de lui. Il est vital que les théories et pratiques de l’éducation prennent en compte cette idée. »  Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, 1949

« Bouger à l’extérieur est un défi naturel » peut-on lire sur la page Tělocvična (activité physique) du très beau et très riche site tchèque Učíme se venku (Apprenons dehors) qui a inspiré cet article. Děkuji mockrát ! (Merci beaucoup !). Et s’il y a des apprentissages qui sont facilement abordés dehors, ce sont bien ceux réalisés dans le cadre de l’EPS. Un large volet lui est consacré sur ce blog, dans l’article Classe dehors : 2 temps et 3 mouvements. La marche et les activités qui y sont liées (orientation, ballades…) sont particulièrement développées. Alors en complément, en voici quelques autres réalisables dehors. La liste est loin d’être exhaustive !

Sauf mention contraire, les photos sont extraites de la page Tělocvična (activité physique) du site tchèque Učíme se venku (Apprenons dehors).

Lancer pour jouer, lancer loin et battre son record, lancer sur une cible, par-dessus ou par dessous un obstacle en diversifiant les objets à lancer selon ce que le dehors met à notre disposition… Les activités de lancer sont nombreuses et variées. Elles développent différentes compétences motrices (adresse, précision, force…) et favorisent la concentration. Elles ne demandent que peu de matériel et sont faciles à mettre en place (voir la page activités athlétiques du site EPS 1er degré de l’académie de Paris). La pétanque, les jeux de boules et aujourd’hui le mölkky sont un classique du genre. Il est toutefois nécessaire d’instaurer quelques règles de sécurité.

Les règles de sécurité dépendent de l’espace disponible et du type de lancer :

  • organiser l’espace pour permettre aux élèves de lancer dans des directions distinctes ou en lançant chacun leur tour
  • interdire le passage dans la zone de lancer tant qu’il y a des objets à lancer
  • délimiter une zone d’attente
  • éventuellement limiter le nombre d’élèves par atelier,quitte à ajouter un atelier de délestage

Pour cette activité les règles de sécurités sont plus souples ! Dans une zone délimitée, un groupe d’enfants ramasse un maximum de feuilles qu’il lance ensuite à un autre groupe qui doit en attraper le plus possible avant qu’elles ne touchent terre. Puis les groupes changent de rôle. Un jeu automnal simple qui peut être utilisé en guise de mise en activité ou pour relâcher la pression. Source Lovení listí.

1 – Fabriquer sa comète.

Des matériaux glanés dans la nature (éviter les cailloux !), une bande de tulle ou de tout autre tissu plutôt fin et léger, de la ficelle et l’affaire est faite ! Une autre façon de procéder sur Yakamedia, la médiathèque éducative des CEMEA.

2 – Lancer sa comète et chercher le geste le plus efficace…

… mais aussi jouer, danser avec ! Source: Poletuchy

Pour plus de sécurité, les enfants utilisent toujours la même comète, comme indiqué sur la fiche sur le lancer de comètes, éditée par l’académie de Lille, qui présente plusieurs situations de lancer.

Jeux d’entraide, jeux pour connaître et se reconnaître, pour développer la confiance, avec ou sans contact, entraînant une dépense énergétique plus ou moins importante, ces jeux correspondent à des situations variées et sont réalisables dehors sans matériel spécifique. Ils sont fondés sur des relations de coopération, ce qui n’empêche pas l’opposition et l’émulation. Ils peuvent être utilisés comme mise en activité ou dans le corps d’une séance d’EPS. Jouer sur une ou plusieurs variables permet, à partir d’un même jeu, de passer de la mise en jeu au jeu proprement dit. Faire intervenir le facteur temps ou le comptage des tours permet une progression.

Encore une activité trouvée sur la page Tělocvična (activité physique) du site tchèque Učíme se venku (Apprenons dehors) ! Mais peut-être que tout le monde ne comprend pas le Tchèque et la traduction intégrale de la fiche en lien n’étant pas tout-à-fait dans mes cordes, j’en ai élaboré une autre qui reprend les principales phases de la séance. C’est une synthèse à adapter, compléter, en fonction du groupe, des ressources et de l’espace à disposition.

Jeu des bâtonnets, grand jeu de l’oie, on trouve d’autres parcours pour les plus grands dans le Fichier – Jeux de pleine nature des CEMEA.

Les enfants se déplacent librement à l’intérieur d’un terrain dont les limites ont été repérées. Au signal de l’enseignant.e ils réalisent le déplacement associé au nom de l’animal. Par exemple :

CP, Paris 19, 09/23
  •    Loup –> courir sur quelques mètres (selon la taille du terrain)
  •    Écureuil –>  avancer en slalomant
  •    Lièvre –> avancer en sautillant sur place
  •    Libellule –> marcher en faisant des cercles avec les bras
  •    Chevreuil –> lever une jambe 6 fois en avant et 6 fois en arrière
  •    A l’envers –> effectuer les exercices à l’envers (p. ex. Écureuil à l’envers –> slalomer à reculons)

Commencer par les consignes les plus simples, ne donner que 2 ou 3 noms d’animaux. L’intensité de l’exercice doit être augmentée progressivement. Les consignes peuvent être combinées et complétées à volonté. Trouver d’autres noms d’animaux auxquels seront associés un mode de déplacement choisi par les enfants. Faire des groupes correspondant chacun à un animal. Entre deux consignes, les enfants marchent ou sont immobiles (statues).

D’après une activité de L’école à ciel ouvert.

Même type d’activité que « Marcher comme des animaux » mais pour les plus grand.e.s la forme de déplacement de base sera la course :

  • Course normale
  • Course en montant genoux poitrine
  • Course talons fesses
  • Sur les talons uniquement
  • Sur les pointes uniquement
  • En pas chassés
  • Cloche pied (D & G)- sur 10 mètres
  • Bras tendus en avant, en arrière
  • En faisant des pas de géant
  • En faisant des pas de souris

Source : Athlétisme, site Éducation physique et sportive à l’école, Académie de Paris

Chat perché, chat glacé, chat couleur, chat à 2, Touchez-le ! Le plus célèbre des jeux de poursuite se décline à foison et ne nécessite aucun matériel ! Seulement de l’espace et plus celui-ci sera riche et varié, ce qui est le cas dehors, plus le jeu sera intense ! Quelques exemples sur cette fiche à télécharger :

Mise à jour 15-01-24

Entre terre et mer, transversalité et écosystèmes

Comment des séances de classe dehors hebdomadaires dans un jardin deviennent support d’un travail en transversalité en lien avec une classe transplantée en bord de mer. Langage, découverte du monde, activités artistiques, EPS, mathématiques… tous les domaines d’enseignement de la grande section sont abordés.

Avant de partir

Minéral, végétal, animal, gastéropode, insecte, bois mort, déchet… C’est équipés d’un solide bagage linguistique que les enfants partiront à la mer, que la moitié d’entre eux n’ont encore jamais vue. Ce projet de classe transplantée est étayé par le travail réalisé et les connaissances acquises en classe et au jardin. Beaucoup de ces mots, nouveaux pour la plupart, ont été appris au jardin. D’autres (bivalve, dune, laisse de mer…) sont découverts dans les activités d’anticipation liées au projet.

Une large place est laissée à l’imaginaire des enfants qui l’expriment dans des activités artistiques. Par exemple une recherche sur les couleurs de la mer qui a été fait en classe sert de support à un paysage marin réalisé avec des éléments naturels trouvés dans le jardin.

Laisse de mer

La laisse de mer est l’accumulation par la mer de débris naturels (coquillages, tests d’oursin, algues arrachées, éponges, os de seiche ou de calmar, œufs d’animaux marins, mues de crustacés, tubes calcaires de vers marins, méduses échouées, bois mort, etc.) ou non, déposés à la limite supérieure du flot au gré des vagues, de la houle ou des tempêtes.

Moule, œufs de bulots, araignée de mer, raie, os de sèche, algue flottante, bout de bois, déchet, jupe tahitienne, œuf de raie… Reconstituée éléments par éléments (rapportés de la mer) sur l’herbe du jardin, la laisse de mer devient support d’un jeu du béret après avoir été celui d’une danse.

Écosystème

Le travail sur la laisse de mer et, de façon générale toutes les activités en lien avec la classe de mer, ne se réduit pas à l’énumération et la reconnaissance de différents éléments. Son rôle dans la fixation du sable, la notion de mer embryonnaire, de mer fixe, le phénomène des marées… C’est tout l’écosystème marin qui est abordé.

Écosystème : mot clé d’une pédagogie de la transversalité qui développe les liens entre les différents domaines, d’une part, et, d’autre part, les interactions dynamiques entre les habitants d’un écosystème (enfants et adultes) et le biotope, espace suffisamment complexe pour être porteur d’apprentissages. En cela la classe dehors, prenant appui sur la nature et le milieu extérieur, incite à mobiliser d’autres manières de construire des séances pédagogiques.

Pour aller plus loin

Classe dehors au Ver Têtu (bonus) : Un trimestre au jardin

Dernier article de la série Classe dehors au Ver Têtu. Voir aussi : Au Ver Têtu,  Classe dehors au jardin du Ver Têtu (1), Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature, Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan et Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan

Pour clore cette série sur la classe dehors menée dans un jardin partagé du nord-est parisien par des enseignantes de CP, cet article présente des éléments de la progression du travail réalisé. En manière de synthèse, de beaux exemples d’apprentissages qui s’appuient sur la classe dehors, première expérience pour ces enseignantes qui s’y sont lancées cette année.

Du mouvement !

Le besoin de dépense énergétique des enfants est pris en compte dès le début de la séance qui, au moins tant que sa durée le permettra, débutera par de l’EPS.

Associant des temps de mouvement, de recherche et de concentration, les activités proposées répondent au rythme des enfants.

On y trouve la combinaison d’activités antagonistes quant à leurs exigences physiologiques : l’endurance et la rapidité de la course (même s’il n’y a à aucun moment une idée de compétition) et le calme, la concentration et la maîtrise de soi nécessaire à un travail sur table.

Cette mise en œuvre, réalisée dans un espace bien plus riche et vaste que la cour d’école, contribue à ce que le travail dépasse la simple transposition d’une activité qui aurait pu être réalisée à l’intérieur de l’école.

Abécéd’air

Premiers contacts avec le jardin et travail sur les lettres en début de CP.

Au jardin : « Décoration » de lettres avec des éléments naturels collectés, travail sur le vocabulaire. Recherche d’objets du jardin ou d’éléments naturels en fonction de leur initiale.

En classe : Trace écrite individuelle sur le cahier de classe dehors, d’abord du type texte à trous, puis compléter une phrase, une liste. Le nombre de mots attendus diffère selon les enfants. Transcription de l’oral sur le lutin ou porte-vues de la classe.

Le contour des lettres est comblé avec des éléments naturels trouvés dans le jardin. Une fois dans la classe, « avant de passer à l’écriture nous regardions les photos des lettres réalisées et les enfants présentaient à leurs camarades ce qu’ils avaient utilisé pour décorer. »

Compléter la phrase : Aujourd’hui au jardin j’ai vu : ____________ (2 ou 3 éléments demandés, selon les élèves). « Pour faire ce travail, nous avions à disposition des flashcards [1] avec la photographie et le mot écrit en dessous. Les élèves se servaient en fonction de ce qu’ils voulaient écrire dans leur cahier. »

[1] Voir les illustrations à télécharger dans l’article Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

Sur le plan

Un travail en 4 étapes que les enseignantes ont prévu de prolonger par la réalisation d’une maquette en période 3.

 Inventaire

Focus sur le mobilier du jardin qui a déjà été répertorié lors du travail sur l’abécédaire.

Au jardin : Compter les chaises, bancs, lampadaires, …. Support écrit : fiches préparées par les enseignantes.

En classe : Mise en commun, élaboration du lutin.

Dessins préparatoires

Au jardin : 15 min d’exploration (utilisation du minuteur de la classe) pour se remémorer ce qu’il y a dans le jardin. Possibilité de se lever deux fois pendant le dessin pour aller vérifier quelque chose. 

En classe :

• Présentation par les enfants qui le souhaitent des dessins accrochés au tableau.

• Observation des récurrences : tables, chemins, arbres, poubelle….

• Liste : chaise, banc, compost, poubelle.

• Énonciation des difficultés rencontrées : « dessiner tous les arbres ».

• Production d’écrit : « Aujourd’hui nous avons dessiné le jardin pour fabriquer une maquette. »

Repérage sur le plan

Au jardin : Associer la photo d’un objet du jardin avec son emplacement sur le plan.

En classe : Sur le lutin : « Aujourd’hui nous avons placé des photographies sur le plan du jardin du Ver Têtu.  »

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan

Repérage sur le plan (2)

Au jardin : Chasse au trésor et orientation. Retrouver des lettres cachées dans le jardin grâce aux indications figurant sur le plan et décoder un message secret.

En classe : Lutin : « Aujourd’hui nous avons fait une chasse au trésor dans le jardin. »

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan

Langage et botanique

A partir du mois de novembre les séances dehors sont écourtées pour laisser la place à des classes d’une autre école du quartier. D’autre part les enseignantes constatent un essoufflement de la production d’écrit. Elles décident alors de privilégier un moment de langage oral qui s’appuie sur l’expérience sensorielle.

De retour en classe, dans le coin regroupement, elles proposent une herbe aromatique présente dans le jardin. Les enfants sont invités à l’associer à des perceptions sensorielles ou leur imaginaire.  Ainsi « La sauge sent comme … », « Le persil a le goût … », « Quand je touche le laurier je pense à … »

Une belle manière de prolonger la séance en faisant le lien entre dehors et dedans et en apprenant le nom des plantes aromatiques !

Merci à Charlotte et Julie pour le témoignage et le partage !

Dans la presse:

Une séance au jardin des 2 classes de CP a été suivie par Elsa Maudet, journaliste à Libération qui a écrit l’article Classe dehors à Paris : «La vraie vie, c’est l’extérieur», paru le 31 mai 2023

Dernière mise à jour 05 juin 2023

Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

2ème article de la série Classe dehors au Ver Têtu. Voir aussi les articles : Au Ver Têtu et  Classe dehors au jardin du Ver Têtu (1)

En ce début d’année les classes de CP de Charlotte et Julie se rendent chaque jeudi au jardin du Ver Têtu. Nous sommes en fin de 1ère période et la classe dehors suscite toujours autant d’enthousiasme !

EPS

La classe dehors a trouvé son rythme de croisière et débute par une séance d’EPS très prisée des enfants. Un travail sur les déplacements et des jeux de courses qui évoluent vers le jeu collectif.

C’est Charlotte qui pilote et elle connaît le sujet ! Prise en compte du besoin de dépense énergétique des enfants et utilisation de l’espace. Les jeux de courses et de déplacements répondent à ces 2 critères. Dans les jeux collectifs mis en place, la course a encore toute sa place mais le travail sur la règle dépasse la simple consigne.

ABCD’R

Après cette dépense énergétique bienvenue, voici le moment d’un travail plus calme. Les enseignantes ont préparé pour cette période une séquence autour des abécédaires, articulée autour de 2 thèmes : la connaissance des lettres et celle d’éléments de nature (ou non) qui se trouvent dans le jardin. Le travail débute dans la classe par la découverte, l’observation et l’analyse de différents abécédaires suivi par un travail sur l’alphabet et la lettre initiale de mots désignant des éléments du jardin.

A la croisée des arts visuels et de l’écrit, il s’agit de reconnaître les lettres et leur tracé. Au jardin, les élèves vont chercher des matériaux naturels pour remplir le contour des lettres.

Ensuite il faudra associer chaque lettre avec les représentations du mot dont elle est l’initiale. Les élèves disposent pour cela d’images d’objets ou de plantes. Ils devront aller repérer l’élément photographié et revenir poser l’image sur la lettre correspondante. Voir en fin de l’article les illustrations utilisées.

Question de rythme

En alternant et associant des temps de mouvement, de recherche et de concentration, les activités proposées répondent au rythme des enfants.

Les séances dehors et dans la classe se complètent par l’écrit régulier sur le cahier de classe dehors et le lutin (porte-vues) de la classe, rangé dans la bibliothèque où il peut être consulté.

L’alternance dehors-dedans, le rythme, le déroulé des séances et l’organisation par petits groupes constituent un cadre de travail qui structure l’activité et répond au besoin naturel de mouvement des élèves. La modification des conditions de la mise en activité leur permet de vivre une expérience sensible du monde et de la formaliser. En explorant le monde de la matière, ils (re)tissent un lien avec le milieu naturel qui devient support des apprentissages scolaires.

Merci à Charlotte et Julie pour le partage des illustrations collectées pour ce travail !

Marche et cartographie sensibles

Penser la ville s’articule en deux temps : d’abord, la marche s’offre comme un moyen pour la saisir dans sa complexité et ses aspects changeants. Puis, la carte permet de restituer « l’image de la ville » que cette expérience urbaine a engendrée.
Cartographier les interstices de la ville – Mathias Poisson
Mars 2021, classe inconnue

Dans l’article intitulé Et la rue elle est à qui ? une large place était faite à la dimension perceptive et corporelle et aux sens engagés dans marche et la découverte de l’espace urbain. Pour y faire suite, la marche sensible est présentée ici comme une activité à réaliser dans le cadre de la classe dehors, d’abord pour elle-même, mais aussi dans le but d’amener les élèves à s’appuyer sur leurs sens pour décrypter l’espace environnant. Une approche de la cartographie sensible est ensuite proposée comme un prolongement logique de cette activité, une façon d’en garder trace. Cet article vient aussi dans la continuité de celui intitulé : Enseigner dedans et dehors : sorties thématiques dans le quartier.

La marche sensible

Késako ?

Apprendre à regarder, observer, ressentir, écouter, choisir, rendre compte sont au cœur de la méthodologie de la marche sensible qui éprouve la relation du corps à l’espace par une mise en jeu des sens. Elle questionne les lieux traversés habituellement sans réfléchir, et permet ainsi une approche active et sensible d’un espace par le biais des perceptions et des sensations de chacun.

Elle dépasse la simple balade urbaine et l’observation d’un lieu pour mener vers une compréhension de celui-ci, chacun écoutant son propre ressenti et le confrontant à celui des autres. Elle prend en compte les émotions, les ressentis, les préjugés et les références des usagers. C’est un outil de recherche, de sensibilisation et d’apprentissage qui permet de saisir les attachements et le goût des lieux, d’en décrypter les ambiances et les usages, d’en apprécier l’esthétique, les proportions et leurs incidences sur notre perception. Elle favorise une approche interdisciplinaire et permet de développer des compétences citoyennes et artistiques mais aussi, autour de la maîtrise de la langue orale ou écrite, des compétences géographiques et historiques, sociologiques et scientifiques en lien avec les programmes, permettant ainsi aux élèves de mieux comprendre les territoires et les espaces qui les entourent.

Le trajet

Soigneusement reconnu à l’avance par l’enseignant, le trajet peut être connu des élèves, situé dans l’environnement immédiat de l’école. Cette familiarité facilite la mise en œuvre tout en favorisant la possibilité de transformer le regard porté sur lui. Puis pourront être inclus des lieux dont les élèves sont usagers mais qui ne font pas partie de leur cadre de vie quotidien : certaines rues du quartier, un parc ou un square … Les qualités du parcours (architecturales, patrimoniales, écologiques, sociales, etc.) vont influer sur la collecte (voir plus bas). Le circuit choisi peut être porteur d’enjeux citoyens, écologiques, patrimoniaux susceptibles d’ être développés dans un projet interdisciplinaire .

Modalités

Des postures corporelles à tester

  • Marcher lentement, changer de rythme et/ou de direction, faire des arrêts.
  • Se lever/se baisser, s’asseoir, s’allonger.
  • Regarder en l’air/vers le sol, balayer du regard, passer du détail à une vue d’ensemble.
  • Sentir, écouter, toucher.

… dans différents lieux

  • Dans un lieu clos (cour de récréation, square, jardin…) laisser des petits groupes d’élèves définir leur propre parcours en leur indiquant des points de passages imposés.
  • Hors de l’école (tour du pâté de maisons comprenant l’école, trajet pour se rendre à la piscine, au gymnase…) effectuer un parcours de repérage en groupe puis entreprendre la marche sensible en binôme ou en trinôme.
  • Suivre un tracé sur un plan, seul ou à plusieurs.
  • Avec des enfants plus jeunes, le groupe peut se déplacer selon une figure prédéfinie : boucle, ligne en zigzag, etc.

Il est à noter qu’un parcours d’une dizaine de minutes à pied sera équivalent à une heure de marche sensible car il s’agit de prendre le temps de regarder, écrire, décrire, sentir, écouter, toucher, produire des images et dessiner.

La collecte

Écoutant leurs impressions et sensations, les élèves les fixent

  • par écrit : prise de note, mots dictés à son binôme (ou à l’enseignant pour les plus petits), texte, poésie, haïku
  • par une représentation visuelle (dessin, croquis, plan)
  • par une captation numérique (photographie, vidéo)
  • par le son (captation audio)

Les élèves peuvent être groupés en binôme ou trinôme, chacun ayant un rôle : donner son ressenti, prendre des notes, des photos, dessiner, enregistrer… Ou chaque groupe a un mode de collecte (écrit, visuel, captation, son). Selon un temps donné ou sur plusieurs séances mais le même parcours, les rôles sont inversés.

Les matériaux collectés seront utilisés par la suite pour l’élaboration du travail réflexif qu’est la carte sensible.

La carte sensible

Restitution de la marche

Au croisement d’une approche esthétique de la géographie et d’une approche spatiale de l’art, la carte sensible peut utiliser les outils géographiques (photos aériennes, plans de ville, cartes IGN, cadastre, etc.) en superposant et analysant les matériaux collectés. Il s’agit d’inciter les élèves à mener un vrai travail de réflexion géographique sur leur territoire. Ils explorent leur espace proche pour manipuler des concepts propres à la géographie et utilisent les méthodes du géographe sur le terrain. Mais, alors que la cartographie traditionnelle constitue une modélisation de la réalité physique, la cartographie sensible a pour objectif de représenter une perception singulière de la réalité physique. La cartographie traditionnelle et occidentale s’appuie sur des repères physiques et hiérarchiques pour une description de l’espace qui vise l’exhaustivité (bâtiments, routes, rivières, etc.). La cartographie sensible s’appuie volontiers sur des repères significatifs qu’ils soient localisés ou non. Ce sont des repères vécus, perçus, habités, occupés ou encore traversés.

Différentes modalités mais toujours une dimension collective

On l’a vu, les approches disciplinaires que permet la marche sensible sont multiples. La mise en œuvre du travail de cartographie dépend donc aussi du champ d’apprentissage choisi, géographie, arts plastiques… Ces domaines peuvent se croiser, se compléter, s’enrichir mutuellement. Plusieurs modalités sont envisageables parmi lesquelles :

  • Un croquis préparatoire, qui peut peut s’affranchir des codes de la cartographie classique comme la notion d’échelle, est réalisé par chaque élève. Il sera utilisé pour réaliser une carte commune dont les élèves rédigent collectivement la légende.
  • Les élèves travaillent sur un plan ou une carte existante pour y superposer les traces collectées. Ce travail peut se faire par petits groupes qui travailleront sur une partie du plan et sera suivi d’une mise en commun sur une carte plus grande. Là encore la légende sera rédigée collectivement.

Dans les 2 cas, il s’agit de faire ensemble pour mettre en place des méthodes de conception collaborative : intégrer les multiples points de vue sans obtenir un millefeuille indigeste. C’est l’emboîtement des échelles de subjectivité et de regards, leurs différences et leurs écarts, qui compose la carte sensible. La dimension collaborative est une caractéristique de la carte sensible.

Illustration : Tous à pied La Cartographie Sensible

La carte postale sensible

Une carte postale sensible conjugue la carte sensible (au recto) avec la forme épistolaire (au verso), sur un format réduit . Aller sur le terrain pour découvrir l’espace puis construire une représentation cartographique sonore, olfactive, visuelle, bref sensible, c’est bien faire œuvre de géographe, même si les arts plastiques ne sont pas loin !

Ill.CM2 de l’école Villette à Paris 19

Il y a quelques années a eu lieu un concours de cartes postales sensibles ouvert aux classes de primaire et secondaire. On trouve des réalisations des classes (dont certaines figurent dans le diaporama ci-dessous) sur le site CartoGraphie ton Quartier qui présente aussi un « mode d’emploi » de la carte postale sensible et une proposition de mise en œuvre en plusieurs étapes:

  • Recueillir les représentations des élèves en leur faisant réaliser une carte mentale : exercice qui consiste à dessiner de mémoire un territoire.
  • Même travail sur papier calque, à partir d’une carte de la ville, ou du quartier
  • Sortie sur le terrain, en invitant les élèves à écouter, regarder, déambuler, interroger les habitants … La sortie permet également de délimiter le quartier.
  • A partir de la délimitation définie avec les élèves, de leurs observations réalisées sur le terrain et de leur expérience personnelle des lieux, les élèves, seuls ou en groupe, réalisent un croquis du quartier.
  • Ces croquis, mis en commun, permettent d’élaborer une première carte collective, en retenant les trouvailles des uns et des autres.
  • Réaliser la production finale sur un support cartonné, directement ou en imprimant une version numérisée de la carte… sans oublier le texte au verso, en racontant le quartier en quelques mots.

Pour aller plus loin

Voir sur ce site : Enseigner dehors et géographie : la sortie de terrain et la partie de l’article Classe dehors : 2 temps et 3 mouvements consacrée à la marche.

Cet article a été composé essentiellement à partir des ressources proposées par les sites suivants, merci à leurs auteur.e.s !

Dernière mise à jour 14/10/2022

Jeux de bâtons

Le bâton, est classé par les enfants au 1er rang des meilleurs jouets du monde nous apprend Scott D. Sampson dans son livre (Éveiller ses enfants à la nature…même en ville). Pourtant la tendance de l’adulte est souvent d’en interdire l’usage pour des raisons de sécurité. Alors, pour réhabiliter ce vieux jouet, découvrons des jeux traditionnels ou non qui sollicitent des compétences motrices, mathématiques, artistiques…

La collecte de bâtons peut être un des buts d’une sortie en forêt ou dans un parc arboré. Elle permettra d’inviter le dehors dedans. Et lorsqu’on se lassera de toutes les possibilités de jeux qu’ils offrent, il sera toujours possible de les entasser dans un coin de la cour pour héberger quantité de petites bêtes!

Lancer de bâtons

Chaque élève (ou équipe) dispose d’un certain nombre de bâton et essaie de les lancer le plus loin possible. Des variantes et des complexifications de l’activité sont à télécharger ci-dessous.

Jeux des indiennes de Louisiane en 1758

« Les femmes sont assises pour jouer et tous les instruments qui composent leur jeu ne pèsent qu’à peine une once (soit environ 28, 34 grammes).
Les pièces avec lesquelles elles jouent sont trois morceaux de cannes de huit à neuf pouces (un pouce équivalait à environ 2,7 cm), fendues en deux parties égales, et appointées par les bouts ; chaque morceau est distingué par les dessins qui sont gravés sur le côté convexe. Elles jouent trois à la fois, et chaque femme a son morceau.
Pour faire ce jeu, elles ont deux de ces parties de cannes sur la main gauche ouverte, et la troisième dans la main droite, le rond par dessus, avec laquelle elles frappent sur les deux autres, ayant soin de ne toucher que le bout ; les trois pièces tombent et quand il y en a deux qui ont le convexe par dessus, celle qui a joué marque un point. S’il n’y en a qu’une, elle ne marque rien. Après la première, les deux autres jouent à leur tour. » (Histoire de la Louisiane, Antoine Simon Le Page de Pratz,1758 Source)

Jeu des indiens Apaches

« Parmi les jeux qui font intervenir une pièce de bois plus ou moins longue (bâtonnet, canne, bâton, perche, gaule) figure celui que pratiquaient les Apaches observés en 1905 par Claude Albaret (Journal des voyages, 3 décembre 1905). Il en existait deux variantes.

La première consistait à arrêter la course d’un cerceau lesté de pièces de métal ou de galets, sans le renverser, à l’aide d’une gaule flexible, longue de plusieurs mètres et dépouillée de son écorce. Il ne suffisait pas de l’arrêter, il fallait aussi le ramener à son point de départ. L’opération était un véritable sport d’adresse et de force.

L’autre variante s’effectuait avec un large cerceau fermé sur ses côtés avec du cuir, sauf au centre. Il fallait vivement passer la gaule dans le trou central et arrêter le cerceau, ce qui était très difficile en raison de sa vitesse et de la flexibilité de la gaule. Et bien sûr, sans renverser l’engin, sous peine d’être disqualifié. » Source

Maths et magie : le jeu des 13 bâtons

Jeu traditionnel qui permet au meneur de jeu (le magicien) de gagner à tous les coups… avec un peu d’entraînement en calcul !

Matériel : Un nombre impair de bâtons de taille à peu près identique.
Objectif : Le joueur qui commence le tour, choisit d’en prendre 1, 2 ou trois. Les autres joueurs devront prendre le même nombre de bâton que celui qui a commencé.
Celui qui prend le dernier bâton (ou les 2 ou 3 derniers) gagne la partie.
Ce jeu demande de la concentration, mais reste rapide à jouer. L’enfant doit calculer, très vite et anticiper si son choix va permettre à l’adversaire de remporter la partie. Très vite on se rend compte qu’il y a une tactique de jeu. Lorsqu’elle est maîtrisée, le meneur de jeu devient « magicien » .

Au sujet de l’enseignement des mathématiques dehors, voir aussi sur ce site les articles : Balade mathématique dans le quartier, Faire des mathématiques dehors et Maths en mouvements

Colin-Maillard à la baguette

Tout le monde connait le jeu Colin-Maillard dans lequel un.e joueur.se qui a les yeux bandés doit attraper et reconnaître un.e autre joueur.se.  » Ici les joueurs ne sont plus disséminés ça et là sur le terrain qui a été choisi pour être le théâtre du jeu. Ils se tiennent tous par la main, et forment un cercle plus ou moins considérable suivant leur nombre, qui est indéterminé. (Illustration : Le Colin-Maillard, J.-H. Fragonard, entre 1750 et 1752)

Au milieu du cercle est le patient, les yeux bandés, une baguette légère à la main. Les joueurs courent en rond sans se désunir, en chantant, si cela leur convient ; le patient, marchant pas à pas, se rapproche insensiblement des joueurs, et finit par toucher l’un d’eux avec sa baguette. Aussitôt la course doit s’arrêter ; les joueurs restent immobiles. Celui qui a été touché de la baguette doit en saisir le bout, et dans cette position répéter trois fois distinctement et assez haut un mot prononcé par le patient, par exemple, le mot « bonjour » ou tout autre.
Si l’aveugle reconnaît et nomme le joueur, il cède le rôle de patient au joueur ainsi reconnu. S’il se trompe, s’il n’a pas réussi à désigner, à nommer le joueur, celui-ci lâche la baguette, la course en rond reprend son train, et Colin-Maillard va recommencer une seconde, une troisième fois les mêmes épreuves, jusqu’à ce qu’enfin sa patience soit récompensée selon ses mérites « . (Jeu décrit par G. BELEZE dans « Jeux des adolescents », publié chez Hachette en 1856, p. 38-39. Une variante pour filles existe aussi, qui se joue en intérieur, les fillettes devant miauler ou pousser de petits cris pour être reconnues. No comment !) Source

La t(h)èque

« Tous les dimanches du Carême et le jour du Mardi gras, on jouait à la tèque [petite balle en cuir bourrée de crin]; on se séparait en deux camps par bourgs. Les uns, armés de bâtons plats au bout, cherchent à empêcher la tèque d’atteindre le but. Si la tèque dépasse le camp, ils sont brûlés ou grillés (c’est à dire qu’ils ont perdu) et ils retournent « en bas » ; les autres remontent en haut. Si ceux du bas peuvent attraper la tèque au vol avec les deux mains, ils ont gagné, ils vont en haut. Source

On trouve la règle de la petite thèque (sans bâton !) sur le site de EPS 1er degré de l’Académie de Paris.

Mikado géant

Le mikado géant est un jeu de plein air qui peut aussi se jouer en intérieur. Le but est de ramasser un par un de grands bâtons entassés sans faire bouger les autres ! Le jeu nécessite de la précision et de la concentration.

Précision : les bâtons doivent être de même taille, droits et lisses, ce qui nécessite de les mesurer, de les tailler et de les polir en amont.

Land art

Au moment de la collecte des bâtons, on peut demander aux élèves de noter sous quel arbre ils ont été trouvés pour en connaître l’origine. L’observation de leur écorce, lisse rugueuse, fine, épaisse, craquelée, boursouflée … donne des indications sur l’arbre. On peut jouer avec les tailles, les couleurs, les textures des bâtons pour créer des formes, des images, d’étranges créatures… des œuvres de Land art ou de street art végétal.

Les activités suivantes (saut et lutte) sont présentées ici pour l’inspiration, pas dans le but d’une pratique directe et sans adaptation par les enfants !

Le saut du bâton aux îles Canaries

Sauter à la corde sans corde, sauter à la perche sans perche… mais avec un bâton!

Deux participant.e.s tiennent horizontalement l’extrémité d’un bâton par-dessus lequel un.e troisième va sauter. « Quelques-uns de ces insulaires étaient si légers et si fort exercés à ce jeu, qu’ils franchissaient trois fois de suite ce bâton, élevé tout aussi haut que les deux hommes les plus grands de l’île pouvaient le tenir. » (« Journal encyclopédique » du 1er juillet 1764, tome V, p. 10-11)

Quant au saut du berger, il utilise un bâton, un peu comme une perche … mais dans l’autre sens. C’est à dire que la personne se sert du bâton pour franchir une dénivellation située au dessous d’elle mais aussi pour grimper sur des rochers ou sauter d’un obstacle à un autre comme on le voit dans cette vidéo (à 15’17) en espagnol. Sur la même vidéo (à 17’19) les exercices présentés peuvent plus facilement être repris et adaptés pour les faire pratiquer aux élèves. Source

Lutte au bâton

Parmi les différentes sortes de Lutte au bâton, la plus célèbre en France est la Canne de Combat. C’est un sport de combat armé. Le but est de marquer le plus de touches avec cette arme en en recevant le moins possible. La canne de combat se pratique au moyen d’une tige de châtaigner de 95 cm de long. (Illustration site du CNCCB)

Sport ambidextre, le tireur enchaîne coups, sauts, fentes, voltes, esquives et parades dans des séries créatives afin d’essayer de toucher son adversaire. Ce sport de combat français qui associe des techniques ludiques et efficaces, permet une rapide maîtrise des quelques coups de bases.

Moins connu, le Bâton Fédéral, également appelé bâton français (ou encore bâton de combat), est à la fois esthétique et redoutable. Il est pourtant simple à manipuler et est tenu à deux mains. En effet il se pratique au moyen d’un morceau de bois de châtaigner et est plus lourd (400 gr) et plus long (1m40) que la canne de combat (100 gr environ pour 95 cm) qui elle, est tenue à une main.

La lutte au bâton est un « jeu » universel, connu sous différentes appellations de par le monde : le Tuatha Penn Bazh, forme bretonne, le Tahtib en Egypte, la lutte au garotte (Lucha del garrote) sur l’île de Lanzarotte aux Canaries (vidéo à 13′), la Donga en Éthiopie, le Bâton Nubien au Soudan ou encore le Cudgelling en Irlande. Certains de ces usages sont extrêmement violents mais il est intéressant de savoir qu’ils existent.

A l’école, il n’est pas question de faire combattre les élèves avec des bâtons si l’enseignant.e n’est pas formé.e à ce type de pratique, mais des exercices d’échauffement, tels ceux présentés dans cette vidéo sur une démonstration de Tuatha Penn Bazh, peuvent cependant être adaptés et réalisés en EPS.

Le tas de bois

Et lorsque les jeux de bâtons ne sont plus prisés, il est toujours possible de recycler les morceaux de bois en en faisant un tas qui constituera un habitat très apprécié par de nombreuses espèces dans la cour de récréation.

Il s’agit de choisir l’endroit, bien ensoleillé et à l’abri du vent et, si possible, exempt de dérangements. Ce qui n’est pas forcément simple si les enfants ont pris goût à la manipulation des bâtons ! De nombreuses espèces viendront chercher un refuge contre les prédateurs dans un tas de bois. Elles y trouveront un abri pour faire leur nid, ou encore un lieu pour se protéger des intempéries et passer l’hiver. Le tas de bois fournit aussi à de nombreuses espèces végétales un support de croissance très convoité par les lichens, les champignons et les mousses. Le tas de bois constitue un milieu attractif pour de nombreux insectes xylophages, mangeurs de bois, qui, en décomposant le bois mort, participent à l’enrichissement du sol en matière organique. Ainsi le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), espèce protégée au niveau européen, ou encore la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) y trouvent un garde-manger qui servira aussi à alimenter leurs larves. À l’affût des insectes, les pics seront alors attirés et viendront creuser le bois pour se nourrir des larves. N’ayez crainte ! Ces insectes ne risquent pas de coloniser les arbres sains, car ils sont uniquement attirés par le bois mort. (Source)

Faire un tas de bois dans la cour de récréation ouvre donc à un travail sur la biodiversité dans l’école.

Une fiche très complète sur le tas de bois :

Pour en savoir plus

  • Street art végétal Carnet de poésie naturelle en milieu urbain -Marc Pouyet – éd. Plume De Carotte -2018
  • L’inépuisable site du CRBC (Centre de recherche de la canne et du bâton) : Jeux de canne et de bâton
  • Le bâton meilleur ami de l’homme ? Un grand oui pour Dominique Ferré, passionné de jeux traditionnels sur Radio Laser
  • Le tas de bois : bien plus qu’’un amas de branches ! sur Le jardin de Noé
  • Et une ressource de l’incontournable FCPN : Mille choses à faire avec un bout de bois.

Mise à jour 01/08/23