Jardins à défendre

Essentiellement rurale jusqu’à la révolution industrielle, la ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a longtemps constitué pour Paris un territoire réputé d’approvisionnement en légumes. Les jardins ouvriers se développent à la fin du 19ème siècle, alors que des populations rurales, d’origines française et étrangère, arrivent en région parisienne et dans les grandes villes industrielles pour travailler dans les usines qui s’implantent. Jardins ouvriers, jardins familiaux, jardins d’insertion… De nouvelles classifications voient le jour mais les frontières entre les trois catégories sont souvent brouillées. Les jardins familiaux de Pantin jouxtent les jardins ouvriers des Vertus à Aubervilliers. 85 jardins sont gérés par l’association des jardins ouvriers des Vertus, 125 par l’association des jardins familiaux Aubervilliers/Pantin.

Depuis près de cent ans, les jardins d’Aubervilliers prolongent l’histoire maraîchère de la Seine-Saint-Denis, sur 7 hectares ceinturant le Fort. Ces espaces naturels sont un patrimoine précieux avec une riche biodiversité ; ce sont des terres nourricières permettant une alimentation locale pour de nombreuses familles ; elles sont entretenues toute l’année par des jardiniers et jardinières qui y ont tissé des liens, s’entraident et ont besoin de cette production vivrière pour survivre.

Aujourd’hui les jardins sont menacés de destruction. Dans la perspective des JO 2024, il était prévu d’y construire une piscine olympique avec ses extensions (solarium, salle de musculation, restaurant) et une gare.

Malgré la mobilisation de la population et de nombreux soutiens, les jardins ont été partiellement détruits à l’automne 2021. Dix-neuf parcelles devaient être englouties par la construction du solarium. [1] Mais après une tenace bataille judiciaire, la ville d’Aubervilliers a renoncé à construire un solarium ainsi que les autres extensions de la piscine et devrait « remettre en état » les jardins ouvriers déjà détruits par les travaux… Des arbres vont être replantés.

En tout cas, la mobilisation n’est pas près de s’éteindre !


[1] Voir l’article sur Reporterre https://reporterre.net/A-Aubervilliers-l-ecoeurement-apres-la-destruction-des-jardins-ouvriers

Sources

Pour aller plus loin

  • Patrimoine Saint-Denis n°30 Les jardins ouvriers Patrimoine potager et populaire à Aubervilliers.
  • Cahiers du patrimoine n°2 Jardins ouvriers et familiaux en Seine-Saint-Denis