Un square dédié à la classe dehors

Le square des Deux Nèthes, dans le 18ème arrondissement de Paris, est à ma connaissance le seul en France dont une partie est dédiée par une municipalité à l’accueil de classes dehors. Joli fruit d’un partenariat entre la ville et l’académie de Paris ! 

Situé au fond d’une impasse, éloigné de la circulation, ce petit havre est composé de différents espaces : jardin partagé, aires de jeux, petite butte, pelouses… Les enfants n’ont pas fini d’explorer leur nouveau domaine !

Alexandre Ribeaud, chargé de mission Classe dehors auprès du rectorat de Paris, a procédé aux premiers aménagements. Par exemple des barrières devenues inutiles ont été retirées, un espace de regroupement a été installé, un coin peinture mis en place, du matériel « brut » mis à la disposition des élèves dans un espace d’activités libres, façon mini terrain d’aventures… Il y accueille les classes intéressées. A ce jour il a reçu 80 demandes dont les 2/3 proviennent de classes d’écoles élémentaires. Signe que, contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que les enseignant.e.s de maternelle qui sont intéressé.e.s par la classe dehors !

Depuis le 15 janvier une classe de MS-GS d’une école maternelle du quartier s’y rend 3 demi-journées par semaine, lundi, mardi et jeudi. Durant la première séance les enfants ont exploré et pris possession des lieux. Lors de la seconde, les apprentissages ont été plus ciblés par l’enseignante attentive à profiter de toutes les découvertes des enfants pour construire de nouveaux savoirs. Quant à la 3ème et dernière séance (pour cette fois…), on peut dire que petits et grands ont eu de la chance : après deux belles journées ensoleillées, la neige a pris possession du square ! On imagine aisément la joie des enfants !

Plus d’informations sur cet « espace d’initiation et de formation à l’apprentissage en extérieur » sur le site de la ville de Paris: Apprendre et enseigner dehors. Les enseignant.e.s intéressé.e.s par cette expérience peuvent s’adresser à Alexandre Ribeaud : alexandre.ribeaud@ac-paris.fr.

Abécédaire d’anniversaire

B BÂTON Jeux de bâtons BIODIVERSITÉ  Biodiversité dans l’école ,  Biodiversité dans la salle de classe BOURGEON Bourgeons

C CLASSE DEHORS  Classe dehors au Ver Têtu (bonus) : Un trimestre au jardin et bien d’autres articles, en fait tous les articles du site ! CLIMAT L’homme a mangé la terre COUR (de récréation) Côté cour,   Aménagement des cours de récréation

D DANSE Danser sous la pluie, DEHORS-DEDANS Apprendre dehors et dedans, Inviter le dehors dedans

F FOCUS Focus saisonniers

G GEOGRAPHIE Enseigner dehors et géographie : la sortie de terrain

J JARDIN Jardins à défendre, Deux saisons au jardin, Jardiner dans la cour d’école JEU Fragments sur le jeu libre et aussi la JOIE, qui, même si elle ne fait l’objet d’aucun article est si présente dans la classe dehors !

L LIEU Affaire de lieux

M MATHEMATIQUES Faire des mathématiques dehors, Balade mathématique dans le quartier  … et MOUVEMENT  Maths et mouvements

P PLAN Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan, Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan PLANTE Balades botaniques et usage des plantes, Autour des plantes aromatiques

V VILLE Enseigner dehors en ville comme à la campagne ?

Autour des plantes aromatiques

Les plantes aromatiques sont un ensemble de plantes utilisées en cuisine et en phytothérapie pour les arômes qu’elles dégagent et leurs huiles essentielles que l’on peut extraire. Ces plantes aromatiques sont cultivées selon les besoins pour leurs feuilles, tiges, bulbes, racines, graines, fleurs, écorce, etc. (Source Wikipédia)

A l’école, l’objectif d’un travail autour des plantes aromatiques n’est pas de former les élèves à la phyto ou l’aromathérapie mais d’attiser leur curiosité par une approche sensorielle des végétaux et une première sensibilisation à leurs propriétés et leurs usages.

La séquence proposée ci-dessous a été en grande partie réalisée dans le cadre d’un atelier en classe dehors avec des élèves de GS et de CP dans le jardin du Ver têtu. Elle est adaptable à des enfants plus âgés pour lesquels sont proposées quelques pistes de travail. En parallèle, d’autres ateliers sont menés par les enseignant.e.s. Ils portent sur différentes thématiques ou domaines d’enseignement : papillons, limace, escargot, déplacements, confection d’un livre à compter… Retrouver ici l’article sur ces ateliers.

Une séance

Lors de la présentation de la séquence aux élèves, l’enseignant.e insiste sur le mot « aromatique » et les idées d’odeur agréable et d’usage qui lui sont le plus souvent associées. Les élèves partagent leurs connaissances des plantes aromatiques, leurs représentations. On peut commencer avec une plante connue (basilic, persil, menthe) pour évoquer les usages possibles (cuisine, thé/infusion …) et quelques propriétés. Voir ci-dessous.

Objectif : Reconnaissance de différentes  plantes aromatiques par une approche sensorielle.

Lieu : Dans un jardin ou un autre endroit où pousse la plante étudiée, sinon dans la classe en utilisant des plantes en pot ou en bouquets.

  1. Sans nommer la plante, frotter doucement les feuilles  entre ses doigts et respirer l’odeur qu’elle y laisse.
  2. L’odeur est-elle (re)connue ? Si oui, le nom de la plante est-il connu ? Et son usage ? Quelle partie de la plante est utilisée ? Feuilles fraîches, sèches, fleurs, racine… Évoquer les usages et propriétés de la plante. Voir ci-dessous.
  3. Observer la plante, la disposition des feuilles sur la tige, leur couleur, leur forme, leur texture.
  4. Faire de même avec les fleurs s’il y en a.
  5. Dessiner ou remplir une fiche de reconnaissance des plantes. Voir ci-dessous.
  6. Selon ce qui est disponible sur les lieux, observer différentes variétés d’une même plante et comparer les feuilles : leur forme, leur aspect, leur couleur…

On peut illustrer les usages des plantes aromatiques en réalisant une recette simple : sirop, infusion et pourquoi pas une soupe… Voir l’exemple de la menthe. Quant à leurs propriétés, on peut dire sans grand risque qu’elles sont bonnes pour la santé. Les articles sur ces plantes sur wikipédia évoquent souvent leurs propriétés médicinales dont la connaissance n’est pas l’objet de cette séquence.

« Ça sent le dentifrice ! »

La menthe est une plante courante et plutôt connue des élèves. 2 bonnes raisons pour commencer l’approche des plantes aromatiques par son observation si agréablement odorante !

Une fois 4 à 5 plantes étudiées, créer un jeu de petits pots à odeurs d’aspect identique, ils contiendront des plantes séchées ou un coton imbibé d’huile essentielle, le tout enveloppé dans un tissus ou un papier absorbant pour que les pots ne soient pas différenciables s’ils sont transparents.

Le nom de la plante et/ou son illustration peut figurer sous le pot pour vérification. On peut aussi avoir 2 jeux de pots, l’un « muet », l’autre étiqueté. Dans ce cas, les élèves sentent l’odeur du pot non étiqueté, proposent un nom de plante et vérifient avec le pot étiqueté.

Variantes possible : un seul jeu de pots avec l’illustration ou le nom de la plante sous le pot.

Matériel (de fabrication maison) :

  • Jeux de cartes plantes aromatiques, photos et dessins. Les cartes * ont été faites à partir de photos prises au jardin du Ver Têtu et de dessins trouvés sur le net.
  • Étiquettes avec le nom des plantes.
  • 1 pot à odeur par groupe. Les pots utilisés sont les pots « muets » (sans étiquette). Voir plus haut.
  1. Les élèves sont par groupes de 3 ou 4.  Les cartes sont étalées sans ordre au milieu des groupes. Chaque groupe dispose d’un petit pot à odeur.
  2. Quand un groupe pense avoir reconnu l’odeur de la plante contenue dans le petit pot, il lui associe une carte dessin, une carte photo et l’étiquette comportant son nom.
  3. Il part ensuite à la recherche de la plante dont il a l’odeur et l’illustration.
  4. Une fois la plante trouvée – validation par comparaison des odeurs de la plante et du pot, les enfants écrivent son nom dans le sable à l’aide d’un bâton.

* Les cartes sont disponibles sur demande à enseignerdehors@gmail.com ou via le formulaire de contact.

De retour en classe

Les prolongements en classe des activités menées dehors sont nombreux et variés. Ils permettent de construire l’alternance des séances dehors et dedans. Même si on peut penser que les temps de structuration des apprentissages se déroulent le plus souvent dans la classe, encadrés et guidés par l’enseignant.e, un enfant peut aussi structurer un savoir dans un temps informel, glanant ses connaissances auprès des autres élèves ou de l’enseignant.e, ou les construisant et les éprouvant par l’expérience. Les propositions ci-dessous peuvent donc être réalisées en classe, mais aussi dehors en ateliers. Sur les relations dehors-dedans, voir ici et .

Fabriqué par les enseignantes le lutin (porte-vues),utilisé dans les classes de GS et CP que j’accompagne, est un support de langage, écrit et oral. Il constitue une mémoire des séances sur lesquelles les enfants aiment revenir. C’est aussi un précieux outil de communication avec les parents. Sa structure lui permet d’être évolutif et de s’enrichir au fur et à mesure des avancées du travail.

La fiche ci-dessous a été réalisée par Julie Bidi, enseignante en CP. Elle est composée de bandes correspondant à la plante observée. Lors de la classe dehors, les élèves sont divisés en plusieurs groupes dont l’un travaille sur les plantes : approche sensorielle, observation, recherche, dessin… les autres participent à différents ateliers.

Une fois remplies par le dessin et l’impression sur le goût et l’odeur de la plante, les bandes sont collées sur le cahier. Lorsque la météo est vraiment trop défavorable ou que le temps a manqué, la plante est présentée et/ou dessinée en classe.

Pour des élèves plus grands, qui reconnaissent les plantes et savent écrire leur nom, voici une grille de mots fléchés qui s’appuie sur une reconnaissance visuelle. Les illustrations sont celles des cartes. Les mots fléchés peuvent aussi s’appuyer sur des photos ou des dessins d’élèves pour peu qu’ils soient suffisamment réalistes.

Là encore pour des élèves qui commencent à maîtriser l’écriture, élaborer la carte d’identité d’une plante aromatique leur permet d’identifier les caractéristiques non seulement des végétaux mais aussi celles qui sont propres à différents genres ou formes de textes.

La carte d’identité ci-dessus s’adresse à des élèves de cycle 3 mais il est toujours possible de le simplifier en diminuant le nombre d’items pour des élèves moins scripteurs comme sur cette illustration. La pâquerette n’est pas une plante aromatique mais le travail proposé peut être élargie à d’autres végétaux !

Le dessin de la plante peut être fait en classe si les élèves ont chacun une branche (ou au moins une pour 2). Si on fait une infusion avec certaines plantes comme la menthe, on la déguste en dessinant !

Dessins des élèves de grande section.

Le bouturage des plantes aromatiques se fait à la fin du printemps ou en été, après la floraison. Il est assez simple et réalisable en classe sans beaucoup de matériel. Certaines aromates se bouturent très rapidement comme le basilic ou la menthe. D’autres nécessitent un peu plus de temps comme le thym ou le romarin : pour le thym, il faut attendre 1 an pour commencer la récolte !

Pour bouturer la menthe ou le basilic, couper quelques tiges et les faire les tremper dans un verre d’eau. Ne laisser que deux ou trois feuilles supérieures, et la tête pour le basilic. Au bout de quelques jours des racines apparaissent.

Repiquer alors les nouveaux plants en pleine terre ou en pot. Les boutures peuvent se faire directement dans la terre, comme pour le romarin.

On peut aussi replanter des pieds de quelques aromatiques ou les acheter en pots. Leur entretien est un début de jardinage. Rien n’est à négliger !

Dernière mise à jour le 05/06/24

Rentrée dehors au Ver Têtu

Quelques semaines après la rentrée, la classe dehors est rodée. Riche de découvertes et d’apprentissages possibles, gourmande de sensations, de saveurs et de connaissances.

Après la découverte du jardin avec Antoine le jardinier et la mise en place des règles, se succèdent, selon les classes et le temps – celui qu’il fait et celui qu’on a pour faire, jeux libres, EPS, discussion sur les saisons, travail sur le compost, les limaces, les plantes aromatiques… Et, de retour en classe, dessin, langage oral et écrit, lecture de textes et d’images, écriture autour de l’élaboration du lutin de la classe qui portera la trace écrite de ces belles expériences.

1er regroupement des GS à l’arrivée dans le jardin. Les règles sont posées. Elles figurent dans le lutin, mémoire de chaque séance dehors.
Un groupe de CP explorent le jardin, guidés par Antoine le jardinier pendant que l’autre groupe découvre le compost.
… marcher pieds nus quand il fait beau …
… et s’abriter quand il pleut !
Goûter la pluie.
Toucher, sentir, goûter la menthe…
et la limace… qu’on touche seulement du bout des doigts !
En EPS, les CP travaillent sur les déplacements.
La joie est palpable!
Chaque semaine un.e élève de CP emporte le seau à compost à la maison et le rapporte le jour de la classe dehors pour le vider dans les composteurs du jardin (Texte d’après la fiche Compost du site Jardinons à l’école).
Extrait du lutin des classes de grande section.
Une des 1ères plantes aromatiques étudiées au jardin. Observer, toucher, sentir puis dessiner. Et déguster une infusion bienvenue après une séance sous la pluie !

Impossible d’aborder toutes les facettes de ces quelques séances de classe dehors. D’autres articles suivront qui relateront des expériences, feront un focus sur certains apprentissages. Mais déjà on peut voir la richesse des possibilités offertes par ces temps de classe passés au jardin.


Tous les articles consacrés à la classe dehors au Ver Têtu :

Classes de CP :

Du côté des GS :

Et aussi Au Ver Têtu, avec des classes de CE2-CM2.

Mise à jour 28-09-23

Entre terre et mer, transversalité et écosystèmes

Comment des séances de classe dehors hebdomadaires dans un jardin deviennent support d’un travail en transversalité en lien avec une classe transplantée en bord de mer. Langage, découverte du monde, activités artistiques, EPS, mathématiques… tous les domaines d’enseignement de la grande section sont abordés.

Avant de partir

Minéral, végétal, animal, gastéropode, insecte, bois mort, déchet… C’est équipés d’un solide bagage linguistique que les enfants partiront à la mer, que la moitié d’entre eux n’ont encore jamais vue. Ce projet de classe transplantée est étayé par le travail réalisé et les connaissances acquises en classe et au jardin. Beaucoup de ces mots, nouveaux pour la plupart, ont été appris au jardin. D’autres (bivalve, dune, laisse de mer…) sont découverts dans les activités d’anticipation liées au projet.

Une large place est laissée à l’imaginaire des enfants qui l’expriment dans des activités artistiques. Par exemple une recherche sur les couleurs de la mer qui a été fait en classe sert de support à un paysage marin réalisé avec des éléments naturels trouvés dans le jardin.

Laisse de mer

La laisse de mer est l’accumulation par la mer de débris naturels (coquillages, tests d’oursin, algues arrachées, éponges, os de seiche ou de calmar, œufs d’animaux marins, mues de crustacés, tubes calcaires de vers marins, méduses échouées, bois mort, etc.) ou non, déposés à la limite supérieure du flot au gré des vagues, de la houle ou des tempêtes.

Moule, œufs de bulots, araignée de mer, raie, os de sèche, algue flottante, bout de bois, déchet, jupe tahitienne, œuf de raie… Reconstituée éléments par éléments (rapportés de la mer) sur l’herbe du jardin, la laisse de mer devient support d’un jeu du béret après avoir été celui d’une danse.

Écosystème

Le travail sur la laisse de mer et, de façon générale toutes les activités en lien avec la classe de mer, ne se réduit pas à l’énumération et la reconnaissance de différents éléments. Son rôle dans la fixation du sable, la notion de mer embryonnaire, de mer fixe, le phénomène des marées… C’est tout l’écosystème marin qui est abordé.

Écosystème : mot clé d’une pédagogie de la transversalité qui développe les liens entre les différents domaines, d’une part, et, d’autre part, les interactions dynamiques entre les habitants d’un écosystème (enfants et adultes) et le biotope, espace suffisamment complexe pour être porteur d’apprentissages. En cela la classe dehors, prenant appui sur la nature et le milieu extérieur, incite à mobiliser d’autres manières de construire des séances pédagogiques.

Pour aller plus loin

Jardins à défendre

Essentiellement rurale jusqu’à la révolution industrielle, la ville d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a longtemps constitué pour Paris un territoire réputé d’approvisionnement en légumes. Les jardins ouvriers se développent à la fin du 19ème siècle, alors que des populations rurales, d’origines française et étrangère, arrivent en région parisienne et dans les grandes villes industrielles pour travailler dans les usines qui s’implantent. Jardins ouvriers, jardins familiaux, jardins d’insertion… De nouvelles classifications voient le jour mais les frontières entre les trois catégories sont souvent brouillées. Les jardins familiaux de Pantin jouxtent les jardins ouvriers des Vertus à Aubervilliers. 85 jardins sont gérés par l’association des jardins ouvriers des Vertus, 125 par l’association des jardins familiaux Aubervilliers/Pantin.

Depuis près de cent ans, les jardins d’Aubervilliers prolongent l’histoire maraîchère de la Seine-Saint-Denis, sur 7 hectares ceinturant le Fort. Ces espaces naturels sont un patrimoine précieux avec une riche biodiversité ; ce sont des terres nourricières permettant une alimentation locale pour de nombreuses familles ; elles sont entretenues toute l’année par des jardiniers et jardinières qui y ont tissé des liens, s’entraident et ont besoin de cette production vivrière pour survivre.

Aujourd’hui les jardins sont menacés de destruction. Dans la perspective des JO 2024, il était prévu d’y construire une piscine olympique avec ses extensions (solarium, salle de musculation, restaurant) et une gare.

Malgré la mobilisation de la population et de nombreux soutiens, les jardins ont été partiellement détruits à l’automne 2021. Dix-neuf parcelles devaient être englouties par la construction du solarium. [1] Mais après une tenace bataille judiciaire, la ville d’Aubervilliers a renoncé à construire un solarium ainsi que les autres extensions de la piscine et devrait « remettre en état » les jardins ouvriers déjà détruits par les travaux… Des arbres vont être replantés.

En tout cas, la mobilisation n’est pas près de s’éteindre !


[1] Voir l’article sur Reporterre https://reporterre.net/A-Aubervilliers-l-ecoeurement-apres-la-destruction-des-jardins-ouvriers

Sources

Pour aller plus loin

  • Patrimoine Saint-Denis n°30 Les jardins ouvriers Patrimoine potager et populaire à Aubervilliers.
  • Cahiers du patrimoine n°2 Jardins ouvriers et familiaux en Seine-Saint-Denis

Deux saisons au jardin

Où l’on retrouve les classes de grande section dans leur jardin partagé préféré…

Séances d’hiver

Les rigueurs de l’hiver n’ont pas découragé les enfants qui ont passé de belles séances à réaliser des couronnes par collages de végétaux, peinture à la boue… Se familiarisant encore davantage avec la nature présente au jardin.

Leurs trouvailles ont fait l’objet d’un tri, selon qu’elles étaient du domaine minéral, végétal, animal… ou pollution ! Elles ont aussi servi à étayer le travail mené par ailleurs en lecture avec la méthode Narramus et le récit « La chasse au caribou » qui est racontée à l’aide de figurines.

Et pour se réchauffer si besoin, un parcours sportif, découvert ensemble et accessible individuellement, est toujours très apprécié !

Printemps : les chasseurs ne sont pas cueilleurs

Avec l’arrivée des beaux jours la classe dehors prend des couleurs. Le jardin est très fleuri et les enseignantes en profitent pour inciter les enfants à observer et dessiner les fleurs. Une fois coloriées, celles-ci seront découpées pour être collées sur de grandes feuilles pour former des panneaux floraux.

Chasse aux œufs …

En parallèle, les chasses au trésor continuent. L’incontournable chasse aux œufs de Pâques donnera l’occasion d’une belle séance de mathématiques afin de répartir équitablement ces gourmandises !

… et chasse aux fleurs

De nombreuses fleurs du jardin ont été photographiées dans le but de réaliser du matériel pédagogique. Sous la photo de chaque fleur se trouve son nom. Les photos sont téléchargeables ci-dessous. Merci à Antoine l’animateur jardin… et à l’application PlantNet !

Les enfants, regroupés en équipe, ont une fiche sur laquelle figurent une vingtaine de fleurs. Chaque équipe doit retrouver les fleurs figurant sur 5 cartes et les entourer sur la fiche. Plus facile à dire qu’à faire ! C’est qu’il y a des pièges dans cette chasse aux fleurs ! En effet certaines se sont fanées depuis le moment où la photo a été prise, d’autres ne sont pas de la couleur figurant sur la photo.

Si les enfants apprennent ainsi à reconnaître et nommer les fleurs du jardin, ce travail est aussi une façon d’aborder le cycle des plantes et des saisons.

Dernière mise à jour le 05/06/24

Faire classe dehors par -2°

La classe dehors par -2° n’a peut-être rien d’original en Suède ou au Danemark mais elle est bien moins fréquente en France, qui plus est en milieu urbain.

En cette dernière séance de l’année, il fait un temps ensoleillé, froid et sec, la lumière est magnifique. L’équipement des élèves de cette grande section qui va en classe dehors une fois par semaine a été vérifié avant le départ. Quelques paires de gants et autres bonnets de la réserve de l’école ont été prêtés.

On court partout histoire de fêter les retrouvailles avec les lieux. La joie du dehors [1] est intacte !


[1] La joie du dehors est aussi le titre d’un essai de pédagogie sociale de Guillaume Sabin & des Groupes de pédagogie et d’animation sociale (GPAS), ed. Libertalia, 2019.A retrouver dans les focus de l’automne 2020.

1er temps de regroupement en cercle, debout, il fait quand même un peu froid pour s’asseoir ! Les remarques fusent « La terre elle est solide. C’est parce qu’il fait froid. » « Il y a du blanc mais c’est pas de la neige ! » Les enseignantes parlent du gel, de la gelée…

1er jeu de course pour se réchauffer. Tout le monde court derrière l’enseignante. La file des petits humains serpente joyeusement dans le jardin. Avant la séance une des enseignantes est venue déposer 11 lettres imprimées sur des cartons. Pendant cette course 4 ont été trouvées. Il s’agit donc de savoir combien il en manque.

Un bon prétexte pour courir encore… A chaque lettre rapportée on compte et on décompte.

Enfin les 11 lettres sont toutes là, lues, reconnues, associées à un son… Ou pas ! Un enfant fait remarquer que le S parfois on ne l’entend pas. La marque du pluriel est repérée et mémorisée. Pas mal en début de GS !

Reste à composer les mots du message. Les enseignantes annoncent qu’il y en a 2, donnent des indices. A force d’hypothèses, validées ou non, le message est trouvé !

Après le très apprécié chocolat chaud autour de la table en bois, une maîtresse propose d’écrire « Bonnes fêtes » sur le sol avec des feuilles, des cailloux, etc. ou avec un bâton. Cette proposition n’a rien d’une obligation et ce moment est aussi celui du jeu libre, de la création. Elle inspire des enfants qui « dessinent » la tête de leur copain. Les cheveux seront le feu, préparé par d’autres, qu’il n’est pas possible d’allumer.

Et il est l’heure de retourner en classe. Lors du dernier regroupement les enseignantes demandent ce que les enfants ont aimé dans cet après-midi dehors. Tout ce qui a été vécu revient, dans le désordre et l’enthousiasme. A aucun moment les enfants ne sont plaint du froid !

Classe dehors au Ver Têtu (bonus) : Un trimestre au jardin

Dernier article de la série Classe dehors au Ver Têtu. Voir aussi : Au Ver Têtu,  Classe dehors au jardin du Ver Têtu (1), Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature, Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan et Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan

Pour clore cette série sur la classe dehors menée dans un jardin partagé du nord-est parisien par des enseignantes de CP, cet article présente des éléments de la progression du travail réalisé. En manière de synthèse, de beaux exemples d’apprentissages qui s’appuient sur la classe dehors, première expérience pour ces enseignantes qui s’y sont lancées cette année.

Du mouvement !

Le besoin de dépense énergétique des enfants est pris en compte dès le début de la séance qui, au moins tant que sa durée le permettra, débutera par de l’EPS.

Associant des temps de mouvement, de recherche et de concentration, les activités proposées répondent au rythme des enfants.

On y trouve la combinaison d’activités antagonistes quant à leurs exigences physiologiques : l’endurance et la rapidité de la course (même s’il n’y a à aucun moment une idée de compétition) et le calme, la concentration et la maîtrise de soi nécessaire à un travail sur table.

Cette mise en œuvre, réalisée dans un espace bien plus riche et vaste que la cour d’école, contribue à ce que le travail dépasse la simple transposition d’une activité qui aurait pu être réalisée à l’intérieur de l’école.

Abécéd’air

Premiers contacts avec le jardin et travail sur les lettres en début de CP.

Au jardin : « Décoration » de lettres avec des éléments naturels collectés, travail sur le vocabulaire. Recherche d’objets du jardin ou d’éléments naturels en fonction de leur initiale.

En classe : Trace écrite individuelle sur le cahier de classe dehors, d’abord du type texte à trous, puis compléter une phrase, une liste. Le nombre de mots attendus diffère selon les enfants. Transcription de l’oral sur le lutin ou porte-vues de la classe.

Le contour des lettres est comblé avec des éléments naturels trouvés dans le jardin. Une fois dans la classe, « avant de passer à l’écriture nous regardions les photos des lettres réalisées et les enfants présentaient à leurs camarades ce qu’ils avaient utilisé pour décorer. »

Compléter la phrase : Aujourd’hui au jardin j’ai vu : ____________ (2 ou 3 éléments demandés, selon les élèves). « Pour faire ce travail, nous avions à disposition des flashcards [1] avec la photographie et le mot écrit en dessous. Les élèves se servaient en fonction de ce qu’ils voulaient écrire dans leur cahier. »

[1] Voir les illustrations à télécharger dans l’article Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

Sur le plan

Un travail en 4 étapes que les enseignantes ont prévu de prolonger par la réalisation d’une maquette en période 3.

 Inventaire

Focus sur le mobilier du jardin qui a déjà été répertorié lors du travail sur l’abécédaire.

Au jardin : Compter les chaises, bancs, lampadaires, …. Support écrit : fiches préparées par les enseignantes.

En classe : Mise en commun, élaboration du lutin.

Dessins préparatoires

Au jardin : 15 min d’exploration (utilisation du minuteur de la classe) pour se remémorer ce qu’il y a dans le jardin. Possibilité de se lever deux fois pendant le dessin pour aller vérifier quelque chose. 

En classe :

• Présentation par les enfants qui le souhaitent des dessins accrochés au tableau.

• Observation des récurrences : tables, chemins, arbres, poubelle….

• Liste : chaise, banc, compost, poubelle.

• Énonciation des difficultés rencontrées : « dessiner tous les arbres ».

• Production d’écrit : « Aujourd’hui nous avons dessiné le jardin pour fabriquer une maquette. »

Repérage sur le plan

Au jardin : Associer la photo d’un objet du jardin avec son emplacement sur le plan.

En classe : Sur le lutin : « Aujourd’hui nous avons placé des photographies sur le plan du jardin du Ver Têtu.  »

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan

Repérage sur le plan (2)

Au jardin : Chasse au trésor et orientation. Retrouver des lettres cachées dans le jardin grâce aux indications figurant sur le plan et décoder un message secret.

En classe : Lutin : « Aujourd’hui nous avons fait une chasse au trésor dans le jardin. »

Sur ce travail, voir l’article Classe dehors au Ver Têtu (4) : Usage du plan

Langage et botanique

A partir du mois de novembre les séances dehors sont écourtées pour laisser la place à des classes d’une autre école du quartier. D’autre part les enseignantes constatent un essoufflement de la production d’écrit. Elles décident alors de privilégier un moment de langage oral qui s’appuie sur l’expérience sensorielle.

De retour en classe, dans le coin regroupement, elles proposent une herbe aromatique présente dans le jardin. Les enfants sont invités à l’associer à des perceptions sensorielles ou leur imaginaire.  Ainsi « La sauge sent comme … », « Le persil a le goût … », « Quand je touche le laurier je pense à … »

Une belle manière de prolonger la séance en faisant le lien entre dehors et dedans et en apprenant le nom des plantes aromatiques !

Merci à Charlotte et Julie pour le témoignage et le partage !

Dans la presse:

Une séance au jardin des 2 classes de CP a été suivie par Elsa Maudet, journaliste à Libération qui a écrit l’article Classe dehors à Paris : «La vraie vie, c’est l’extérieur», paru le 31 mai 2023

Dernière mise à jour 05 juin 2023

Classe dehors au Ver Têtu (3) : Travail sur plan

3ème article de la série Classe dehors au Ver Têtu. Voir aussi : Au Ver Têtu, Classe dehors au jardin du Ver Têtu (1) et Classe dehors au Ver Têtu (2) : Abécéd’air nature

Les classes de CP de Julie et Charlotte se rendent au jardin du Ver Têtu chaque jeudi depuis le début de l’année. Les élèves y ont travaillé sur la reconnaissance d’éléments de nature à partir de la boîte à trouvailles, fait des mathématiques et des séances d’EPS. Ils remplissent régulièrement le cahier individuel de classe dehors ainsi que le lutin mis à disposition dans la bibliothèque de classe. Ils ont aussi réalisé un abécédaire présenté aux élèves de GS de l’école voisine et bien d’autres choses encore !

Sur le plan du jardin

Début décembre. Les élèves sont installés autour de la table en bois sous l’abri du jardin. La séance d’aujourd’hui s’inscrit dans une séquence qui les mènera à construire une maquette du jardin. Julie, géographe de formation [1] est à la manœuvre. Elle distribue des plans du jardin format A3. Recueille les remarques et les commentaires des élèves, questionne, insiste sur le mot « plan », sur la notion de représentation : « Ce n’est pas le jardin qui est sur la feuille. » Les enseignantes aident à reconnaître et à situer différents éléments présents dans le jardin.

Par groupe de 3 ou 4, les enfants reçoivent une boîte contenant de la colle et 7 ou 8 photos représentant des éléments du jardin. L’emplacement de ces éléments est indiqué sur le plan, reste à mettre la photo de chaque objet à la bonne place.

Et c’est parti ! Munis d’une photo les enfants partent en courant à la recherche de l’objet représenté. Certains sont très repérables, d’autres demandent une recherche plus longue. Lorsque l’emplacement est repéré, retour au plan pour y coller la photo.

Le travail en amont

Les enfants connaissent parfaitement le jardin et s’y repèrent aisément. Ce n’est pas par hasard : ils y viennent une fois par semaine depuis septembre et de nombreuses activités les ont préparés à cette séance de travail. Différents éléments du jardin ont été sélectionnés pour figurer sur le plan, répertoriés, dénombrés. La question de leur représentation a aussi été travaillée. Des dessins préparatoires ont été réalisés et comparés.

Une séance à facettes

Une telle séance porte des apprentissages variés. Il y a ceux, clairement définis par le travail sur le plan : se repérer dans l’espace de son environnement proche, situer et représenter des objets les uns par rapport aux autres ou par rapport à d’autres repères, passer de l’espace au plan… Mais c’est ce n’est pas tout !

Son déroulement évoque un biathlon. En effet, comme dans cette discipline sportive, on trouve la combinaison de deux activités antagonistes quant à leurs exigences physiologiques : l’endurance et la rapidité de la course (même s’il n’y a à aucun moment une idée de compétition) et le calme, la concentration et la maîtrise de soi nécessaire au repérage sur le plan et au collage.

A cela s’ajoute, dans l’auto-régulation du travail des groupes, une organisation solidaire. Non seulement au sein des groupes mais inter-groupes aussi. Ainsi, une fois son emplacement déterminé, un élève restera pour coller la photo pendant que ses partenaires iront repérer un autre élément photographié.

Certains éléments sont difficiles à trouver, les équipes s’entraident. Cela implique un langage précis pour expliquer où est situé l’objet recherché. « Là-bas » ne suffit pas !

Les enseignantes parviennent à réunir les conditions d’une mise en activité à la fois guidée et autonome ce qui fait que la joie du jeu est présente aussi. Dans la course déjà, cette course libre et explosive des enfants, dans les itinéraires choisis pour trouver l’élément photographié. « On va passer par le passage secret (tunnel végétal). » Même lorsque l’emplacement de l’objet recherché est connu, le chemin parcouru peut être très éloigné de la ligne droite !

Mais, sauf pour un groupe, le travail est réalisé dans les temps. Une fois qu’il est terminé, les enfants se dispersent dans le jardin pour un court moment de jeu libre. L’accord est devenu tacite avec les enseignantes. La validation du travail se fera en classe, ce qui permettra une remémoration des lieux par l’utilisation du plan. La fin de la séance se déroule avec fluidité.

Les enfants sont rassemblés une dernière fois pour ranger le matériel avant le départ pour l’école. Le temps passé dehors est maintenant plus court car la place est laissée à des classes d’une autre école du quartier… Les écoles sont plus nombreuses que les jardins…


[1] Voir l’article sur une sortie de terrain organisée par Julie : Enseigner dehors et géographie : la sortie de terrain